Dans notre vie personnelle, à la maison, à l’école aussi, si on rentrait en poésie ? Pour mettre de la couleur, pour dire nos émotions, pour mieux vivre le présent, nous relier et nous accueillir… nous pourrions profiter de la rentrée pour lui donner la place qu’elle mérite et ça nous ferait du bien à toutes et tous.
La poésie pour respirer, nous centrer et ouvrir l’horizon
Certains pratiquent la méditation, d’autre le yoga et ce n’est pas incompatible, d’autres lisent chaque jour de la poésie, en apprennent ou en écrivent.
Dans un précédent article, j’avais raconté l’intérêt que je trouve à lire une poésie par jour. Cela ne demande que quelques minutes, peut se faire au hasard des envies… mais ce petit rituel crée une rupture bénéfique surtout dans nos vies accélérées.
Poème qu’on lit pour soi en silence ou pourquoi pas que l’on partage avec un être aimé, un enfant.
Il n’y a pas besoin de commenter, d’expliquer…
À côté de ces lectures qui répétées peuvent mener à la mémorisation du texte, la poésie se traduit aussi par ce moment que l’on peut prendre à contempler une œuvre, écouter un oiseau, admirer un paysage ou examiner une flaque d’eau… alors il s’agit de se laisser traverser…
Le carnet de poésie
Un vers qui vient, une inspiration, une observation, une sensation, une émotion. Le petit carnet dans la poche peut nous accompagner dans les transports, dans la vie de tous les jours.
Il est facile d’en trouver d’assez jolis à offrir ou même de recouvrir un banal carnet d’un papier inspirant…
Qui sait, ces notes glanées donneront-elles peut-être plus tard un poème que l’on souhaitera développer ou partager ? Si ce ne sont que quelques bribes, quelques mots essayés sur un coin de page, c’est déjà un moment utile et enrichissant pour soi…
Il suffit d’oser librement.
Le premier jour d’école en poésie !
Quand j’étais maître d’école, il n’y avait pas une rentrée sans poésie. Le plus souvent, c’était assez tôt dans la matinée, à brule-pourpoint, je me lançais et récitais aux élèves étonnés le premier poème avant d’ouvrir le tableau et de découvrir ensemble le texte.
Lire, relire, dire, redire, copier. Oui, copier à la main ! Parfois en plusieurs épisodes mais foin de photocopie !
En maternelle, nous apprenions une première comptine, la mémoire des petits est incroyable !
Un poème adapté, bien choisi en fonction de l’âge, du contexte et c’était toute la classe qui était fédérée. Il fallait créer un peu de magie, du lien… ne pas mettre en difficulté le lecteur fragile ou celui qui n’avait pas tenu de stylo depuis des lustres…
Et très souvent les premiers jeux d’écriture étaient autour de la poésie…
Je crois que ces premiers poèmes appris en tout début d’année, en classe, sont ceux qui reviennent le plus aisément…
Gloire aux merveilleux écoliers de Maurice Fombeure !
Sur la route couleur de sable En capuchon noir et pointu, Le « moyen », le « bon », le « passable » Vont à galoches que veux-tu Vers leur école intarissable. Ils ont dans leur plumier des gommes Et des hannetons du matin, Dans leurs poches, du pain, des pommes, Des billes, ô précieux butin Gagné sur d’autres petits hommes. Ils ont la ruse et la paresse — Mais l’innocence et la fraîcheur — Près d’eux les filles ont des tresses Et des yeux bleus couleur de fleur Et de vraies fleurs pour la maîtresse. Puis les voilà tous à s’asseoir Dans l’école crépie de lune, On les enferme jusqu’au soir Jusqu’à ce qu’il leur pousse plume Pour s’envoler. Après, bonsoir ! Ça vous fait des gars de charrue Qui fument, boivent le gros vin, Puis des ménagères bourrues Dosant le beurre et le levain. Billevesées, coquecigrues, Ils vous auront connues en vain Dans leurs enfances disparues ! Pendant que vous dormez 1953 - Gallimard
La dernière strophe est souvent rudement censurée. Il faut l’expliciter avec humour et la contextualiser mais surtout ne pas se priver des « billevesées » et « coquecigrues »qui vont justement donner toute la distance utile… Poème tendre et subversif s’il en est mais qui ose à la fois des images et des mots que les enfants aimeront dire !
En classe, la poésie mérite d’être présente au quotidien… que l’on apprenne au moins un texte par semaine fait un bien fou ! La poésie fédère, apaise, régule, permet de canaliser les émotions… C’est loin d’être du temps perdu !
Apaisante, salvatrice et thérapeutique !
Pas besoin de coach, de toubib, d’ordonnance… La poésie mériterait d’entrer dans chaque famille. La télévision ou la radio seraient bien inspirées de lui donner une vraie place !
Réclamons notre part de poésie ! Exigeons le droit à la poésie pour toutes et tous, à tout âge et quelque soit la condition des unes ou des autres !
La poésie est le meilleur médicament contre le ressentiment, la rancœur et la bêtise.
Faut juste oser, juste l’infuser, la diffuser, la partager…
à découvrir « Septembre » un poème de rentrée pour les enfants