En quelques minutes le ciel d’encre a basculé de l’aube à l’aurore. Brise légère, chants d’oiseaux. On entend de temps à autre une voiture passer au loin. Je bois un thé fort. Le chien et la chatte dorment repus. C’est un samedi et je respire avant d’aller vers les choses à faire.
Verlaine au réveil
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu’on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.
– Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
Paul Verlaine, Sagesse (1881)
Comme il est moderne ce poème. Mais comme il est de ces textes qu’on ne regarde plus ou alors seulement au prisme réducteur de la biographie.
Des analyses que je lis, très peu ont pris garde au « on ». Ce « on » si souvent détestable dans la bouche du journaliste qui nous allie pourtant par-delà la prison ou le temps à ce bon vieux Verlaine amoureux de Rimbaud déjà si loin. Mais c’est bien Rimbaud qui manque !
Une semaine d’écriture et de cartons
Certaines pièces de la maison résonnent. Des meubles sont déjà démontés ou d’autres partis, des tapis roulés. Des livres, des objets rejoignent les cartons. Je les aligne avec soin, je les numérote.

Je me dis que j’aurais pu tout laisser, recommencer à zéro, sans le poids de ces objets… après tout…
Bien le bonjour de Tappahannock
Nouvelles crues, articles, chroniques… le site reçoit de plus en plus de visites. Un cercle de fidèles, des visiteurs des quatre coins de la terre. Assez peu des réseaux sociaux finalement…
Connaissez-vous Tappahannock ?
Allez savoir pourquoi, j’y ai au moins un lecteur fidèle.
Wikipédia nous dit :
Tappahannock is the oldest town in Essex County, Virginia, United States. The population was 2,375 at the 2010 census, up from 2,068 at the 2000 census. Located on the Rappahannock River, Tappahannock is the county seat of Essex County.
Et là, piqué de curiosité, je me prends à rêver…
Sans compter que dans la liste, on vient du Japon, de Russie, d’Afrique un peu moins, d’Allemagne souvent ou des Pays Bas… C’est drôle d’être lu à des heures diverses un peu partout sur la planète…
Les nouvelles du Monde et les vaines disputes
Ce n’est pas le désarroi mais toujours ces questions : que faire des nouvelles du Monde ? Encore un drame ce matin, la terre a tremblé.
Choisir de se taire. J’ai failli répondre à une personne sur un réseau social qui stipendiait un ministre non à propos de ses actes ou choix politiques mais de ses origines sociales… Je ne suis pas d’accord avec la politique menée. Mais comme elle est ringarde cette vision réduisant la personne à une étiquette réelle ou supposée. Cependant, le débat n’est pas possible, pas plus sur un réseau social qui se dit ouvert et éclairé.
Du coup je me suis dit une nouvelle fois que je ne mettrai pas mon énergie dans les disputes mais plutôt dans l’incarnation et l’action. Je n’ai ni ressentiment, ni adversaire. Je n’ai pas besoin de ça. Mais de relier, tisser, bâtir et partager. Je me dois cela.
L’heure des trente-tours
Il n’y a rien de plus lourd que des trente-trois tours alignés dans des cartons. J’ai prévu de ne pas les surcharger et de les mêler à des objets plus légers. Vous savez tout.
Il y a parmi eux des souvenirs précieux : jazz des années cinquante et soixante qui craquent à peine. Duke Ellington et Mile Davis. Nina Simone ou Ella Fitzgerald qui appartenaient à ma mère. Et puis ensuite tant d’autres petits galets de ma mémoire, de ma jeunesse. Je ne vais pas refaire la liste d’Hélène Martin à Julos Beaucarne… Mais figurez-vous que le maniaque range tout par ordre alphabétique.
Voilà, c’est la tâche qui m’attend en musique !
Que votre samedi soit doux !
