Il y a celles et ceux qui improvisent. Un baluchon leur suffit. Ceux qui entassent tout vaille-que-vaille emportant ce qui leur passe sous la main. Et puis, les scrupuleux, avec leurs listes, leurs boites bien rangées et alignées. Devinez dans quelle catégorie je persiste…
Ce n’est pas encore le grand départ
Une sorte de répétition générale. Je ne pars pas en vacances, je « descends » récupérer les clés de la maison, m’approprier les lieux, prendre les premiers repères…
J’aime bien cette idée d’aller explorer un nouvel univers même si je le connaissais un peu, mais en passant, de l’extérieur.
Là, je ne serai pas touriste et je ne veux pas paraître « colon ».
J’ai déjà pu vivre cette expérience, à la différence près que je venais pour un nouvel emploi, occuper un poste… Le travail et les relations de travail étaient au centre.
Là, ce qui sera au centre : la géographie des lieux, l’Histoire, les personnes et mon activité sera d’apprendre, découvrir, transcrire et vivre aussi…
Prendre sa place dans un lieu nouveau.
Entre deux maisons
L’une qu’on laisse où déjà l’espace a changé. Cartons, meubles démontés, tapis roulés… Les futurs habitants des lieux connaissent leur future maison. Les petites inquiétudes liées au déménagement en tant que tel sont à l’arrière-plan, un rien insidieuses, mais je balise les choses au mieux dans ce luxe du temps, de la disponibilité…
Je ne suis plus tout à fait d’ici et pas encore de là-bas. Il reste encore quelques semaines.
La maison défaite se regarde autrement. Quelques-unes de ses pièces nues montrent un charme oublié. Le jardin lui ne fait pas de pause. Les herbes prolifèrent mais les potirons ont cessé de grandir… La passiflore fait la folle. Je crains que le hérisson ne se soit fait écraser…
En ville les gens sont d’une grande gentillesse. Les touristes sont partis. Le chien est populaire. Les gens s’étonnent que je parte bientôt, mais pourquoi ? … L’endroit où je vais est peu connu.

Nos ultimes promenades avec Galou ont une saveur spéciale. Il y a des plages auxquelles nous faisons de discrets adieux, d’autres à qui nous promettons de revenir avant de partir…
Quand on va partir le paysage se regarde autrement… je photographie moins mais « je filme » sans cesse avec ma mémoire intime…
La future maison, elle sera partiellement vide. Je l’avais vue meublée. Même si j’ai l’habitude de changer de maison, découvrir une nouvelle maison, c’est comme une rencontre. Ce n’est pas qu’une affaire d’espace mais de ressenti, toutes ces histoires que les murs ont pu vivre…
Dans de précédents lieux, il y avait des chambres où des personnes étaient mortes. Je l’ai toujours perçu… non pas une affaire de fantômes mais des traces invisibles… on ressent beaucoup du bonheur ou de la tristesse que les gens ont pu éprouver avant. Il faut parfois y résister, réinventer les lieux avec son regard… mais sous mon impatience je sais ma chance. L’endroit est très beau et répond pleinement à mes aspirations du moment.
Ce que j’emporterai pour cette première fois
J’emporterai de quoi écrire. Un clavier pour les mains. Nous verrons si je trouverai une connexion pour déjà noter des choses pour le site.
J’emporterai aussi de quoi lire. Il y a le Pennac qui attend.
J’aurais bien emporté le clavier pour chanter, mais il y a des contraintes d’espace…
Prévoir les choses pratiques, pour moi et les animaux qui seront du voyage. Ils ont bien compris depuis un moment qu’il se passait quelque chose…

Me voyant faire mes premiers cartons, le chien a réuni toutes ses peluches sur le tapis. Malin !
J’emporterai ce qu’il faut pour m’asseoir, dormir, mesurer, noter, prévoir… projeter.
Demain matin, à l’aube, nous partirons, vous dormirez sûrement amies et amis lectrices et lecteurs…