A la sortie de l’école, j’ai vu des enfants courir et plonger dans la rivière. Je ne suis pas certain que ce soit vraiment autorisé. Mais ils plongeaient et nageaient heureux. Pleinement dans l’insouciance et la joie du présent.
La rivière
J’aime l’Océan, toujours la même surprise quand il apparait derrière la dune. La montagne et sa force prenante. La forêt peuplée d’histoires. J’aime les chemins et j’ai la chance aujourd’hui d’habiter un chemin… J’ai bien connu des torrents vifs ou des ruisseaux maigrelets mais je découvre ici la rivière et sa vie, ses mystères, son faux calme…

Celle là, raconte une histoire de 485 kilomètres. C’est dire qu’elle en sait long sur nous.
Ses eaux peuvent fluctuer selon les saisons…

Côté rive droite, j’ai découvert de beaux jardins généreux. Dans un jardin partagé on fait revivre des légumes anciens.

J’ai découvert une roselière de bambous, on dirait une cathédrale…
Un pêcheur dans sa barque lançait sa canne au mitan de la rivière…
Des habitués s’y promènent. Un homme, après avoir travaillé dans son jardin a tiré une chaise au bord de l’eau et contemple le paysage qu’il connait surement par cœur. Un noyer se penche sur l’eau.

Arriver ici, c’est comme entrer dans un grand livre.
On déferre

Juste au dessus, une sinistre machine déferre les rails de la ligne Cahors-Capdenac. C’est aussi triste qu’idiot. Une micheline est encore en gare. Le train suivait la rivière. On fera une voie verte. Des manifestants sont venus il y a peu. Il y avait pourtant une légitimité à faire vivre cette ligne…
C’est là que le monde moderne vient cogner sa logique implacable. Ou plutôt le monde mû par le « libéralisme économique »… Courte vue.
Accent
Je commence à me mettre dans l’oreille l’accent d’ici. Autrefois j’ai fréquenté le parler gavot de la Haute-Provence, j’ai bien connu les sonorités claquantes de Marseille. Ici c’est autre chose mais avec tant de variations selon les âges et les métissages. La langue peut être comme la rivière, rapide ou prendre de l’ampleur dans les méandres, colorée comme le bon vin, ou plus âpre lorsqu’ elle s’accroche aux rochers… Mon oreille doit s’adapter.
Mon propre accent va-t-il se marier à ce que j’entends en ces lieux ? Il faut faire chœur , ne pas être en dissonance. Mon parler risque de me décrire comme un touriste, un colon. Je ne suis pas ça. Il faut faire sa place doucement dans les accents, les mots, les expressions…
Le français nous unit mais le prix fut lourd à payer…
Aux choses pratiques
Je prépare la maison d’ici à recevoir les meubles de là bas. Je vais être aux petits travaux et j’ai commencé à regarder du côté du jardin.
Aussi, je dois vous laisser car je je vais à la ville trouver deux trois bricoles dont j’ai besoin.
Je prendrai la grande route pour Villefranche cette fois. Oui, hier, je suis passé par une petite route incroyable, toute étroite, où je n’ai croisé personne…
Portez-vous bien !
À cette lecture on est partagé :
On profite bien sur de ces frais moments, la découverte, l’appropriation, le bonheur, les interrogations pleines d’attentes douces. Aussi ces phrases si bien écrites, ce qu’elles révèlent du scripteur.
Mais on compare aussi avec sa propre situation. On se prend à caresser des regrets. Pas de la jalousie, juste de la remise en cause. Remise en cause assez stérile parce qu’il n’y a pas, pour soi, de déménagement envisageable…
Ainsi va la vie.
souvent j’ai « déménagé » sans changer de lieu ni de maison… bon courage ! – bon aujourd’hui je me bats avec une fosse septique et là, là poésie est plus distante ! 😉