Les joies de l’allègement

Publié le Catégorisé comme changer de vie
Modification

Il est paradoxal de constater qu’on sait parfois se séparer plus aisément de personnes que d’objets. En triant un certain nombre d’objets et en me séparant d’entre eux, je découvre qu’une fois « le conflit de loyauté » dépassé, on se retrouve mieux avec soi. L’allègement. Non pas pour nier les souvenirs du passé, mais pour le redessiner dans la perspective de son projet à venir

Les envahisseurs silencieux

Tapis dans l’ombre, ces vieux livres accumulés depuis des dizaines d’années, ces photos, ces objets, ces machins…

Il y a ceux dont j’ai hérité sans les choisir vraiment, ceux qu’on a pu me donner, ceux que j’ai pu moi même accumuler.

Sans les personnifier, ce qui est remarquable, c’est que la plupart sont depuis des dizaines d’années comme tapis dans l’ombre. Pour certains je ne les regarde ou ne les touche qu’au moment des nombreux déménagements.

Ainsi, les voilà ces cartons de livres qui me disent : « Tu vois, tu pars, mais tu nous emporte avec nous, comme des boulets. Nous pesons bien pour te rappeler ton passé. »

Au quotidien, si certains sont amicaux et font du bien, malgré tout, il y a ceux qui encombrent les tiroirs, les placards, les étagères. Ils sont là comme de mauvais génies domestiques s’évertuant à perturber les rangements, à encombrer, peser sur les étagères et au final, ils sont ces boulets qui empêchent de s’émanciper, de changer, de se transformer…

Ils sont la part de poussière dans la vie qui ne sert à personne… dans cette maison. Peut-être au dehors serviraient-ils à d’autres, et encore…

Le conflit de loyauté perturbe le choix

« Oui, mais je ne vais pas vous abandonner, ma mère vous aimait, vous a choisi, vous a lus…j’ai fait pareil ensuite « 

Il y a des pépites que j’ai plaisir à reprendre… mais d’autres me tombent des mains.

Certains, je n’ai pas d’appétence pour eux. Je les garde pour quoi au fait ? Photos laides que je n’ai pas de vrai plaisir à revoir, livres qui ne m’attirent pas… C’est comme ces vieux vêtements qui au mieux feraient des chiffons…

Ou bien ces objets reçus en cadeaux. En m’en séparant parce qu’usés ou de peu d’intérêt, aurais-je peur de laisser penser que j’aimerais moins la personne qui eut la gentillesse de me les offrir un jour ?

Ou encore, ces objets, ces documents par exemple, qui marquèrent des étapes de ma vie. Ce mémoire édifiant, ce diplôme, ces décorations… Petites pierres certes, mais qui ont aussi fait leur temps. Leur contenu est dépassé et leur intérêt fort relatif.

Je n’oublie rien en réalité de ce qui est important. Je n’ai pas besoin d’aller vérifier dans les archives. Si un jour je ne suis plus en état de me souvenir, c’est qu’il sera un peu tard !

Je ne me renie pas en me séparant de ce qui me pèse pour avancer. Pour aller plus haut il faut alléger la montgolfière. J’aime bien l’idée de lâcher du lest.

Certes, il ne faut pas avoir peur de s’envoler… mais alors on se rendra mieux disponible aux autres…

Alors, ce que je dois choisir de garder, c’est ce qui m’est utile et me rend heureux...

Du coup en lisant ces lignes, je me dis que je vais pouvoir être encore plus sélectif…

On se débarrasse aussi en écrivant

Au delà des objets, nous portons aussi des épisodes de nos vies dont il faut pouvoir s’alléger.

Certains vont chez l’analyste. Parfois j’écris, comme ce souvenir d’enfance. Pas pour me torturer, pas pour me faire plaindre, mais de temps à autre, il faut oser expliquer y compris à son fameux « enfant intérieur ». « Tu as traversé ça, c’était dur, tu as su t’en sortir et plutôt bien au regard de ce qui s’est passé.« 

On écrit pour s’alléger alors d’un poids mental. Parfois ça peut servir à d’autres qui ont vécu des choses proches. Ça crée des sortes d’amitiés ou de compréhensions mutuelles.

Si je ne brûle pas ce que j’écris, je n’y reviens jamais. C’est écrit, j’avance, je peux passer à autre chose.

Je ne veux pas finir gardien de musée de ma propre vie

Certains vieux ressassent. Ils vous sortent les albums photos, les reliques. C’est bien un peu, à la longue ça écœure et surtout c’est comme un aveu d’impuissance, comme si leur vie ne consistait plus alors qu’à garder des objets morts qui envahiraient tout.

Ce qui a compté le plus pour moi, ce sont les gens, les rencontres extraordinaires, des amis incroyables et quelques amours formidables.

Les livres et les objets m’ont enseigné, m’ont aidé souvent à me donner les clés, mais la vie vraie n’est pas dans les romans, elle est dans le roman de la vie…

C’est pour ça que je veux m’alléger, découvrir de nouveaux espaces, de nouvelles personnes, inventer, créer et si je peux m’amuser un peu.

Reprendre la main !

des vieux livres

Oui, il y a de vieux livres, comme ce bel album de contes de mon enfance que je vais réparer et même mettre en avant.

D’autres on va se séparer : qui sera donné, qui dans la boite à livres, qui au recyclage…

Et ainsi de suite pour tant d’autres objets.

Juin sera le mois du tri ! Que les placards de la cuisine se tiennent prêts ! Comme la penderie !

Mais là je ne suis pas trop mauvais, j’avais déjà prévu mon affaire depuis un moment et j’ai commencé le travail…

La chance de peu posséder

Les déménageurs sont en général déçus. Avec moi, pas grand chose à emporter…

C’est vrai que je regarde le vieux piano du coin de l’œil. Je l’aime bien mais il a vécu, je ne sais pas si je ne vais pas le mettre à la retraite. Je suis cruel.

Certains possèdent des maisons, un riche mobilier, de la vaisselle avec plusieurs services, ont des penderies pleines… plus ça va moins je m’ennuie avec tout ça ce qui ne veut pas dire que je n’apprécie pas avoir quelques objets que j’aime… mais j’avoue cette double envie : pouvoir reprendre la main plus avant sur mon environnement, le faire en me simplifiant la vie pour être plus libre alors de créer, inventer et partager avec les autres…

Voilà la philosophie du jour !

Même si c’est aussi une forme de travail…

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *