Ma chance, c’est de trouver pour y vivre des paysages à chaque fois splendides. Ici, au bord du Lot, l’émotion est intense. Inattendue. Ce n’est pas simplement « beau ». C’est une sorte de rencontre amoureuse. Immédiatement j’ai pris place dans ces paysages tout autour de la maison. Ils ont tant d’histoires à raconter qu’il suffit de regarder et d’écouter
L’orage hier soir
Quand le tonnerre roule dans la vallée, c’est une belle fanfare. Les arbres souples chantaient dans le vent. Déjà juste avant, nous avions entendu le claquement des noix qui tombent au sol ou sur le cabanon. La chatte de trouille s’est planquée sous un meuble. Le chien a demandé à aller voir dehors Les éclairs au loin, les trombes d’eau dans le jardin. Il était au spectacle. Nous y avons gagné de la fraîcheur.
Plus tard, les oiseaux de nuit ont repris leur concert…
Galou est sensible à la beauté des lieux
Son entrain de vieux chien à découvrir avec moi fait plaisir. Nous avons marché d’un bon pas suivant la rivière jusqu’au pont de fer. Une seule voiture y passe à la fois. Le bruit des pneus sur le métal fait une musique étrange.Les vélocipédistes sont priés de mettre pied à terre. Le piéton lui voit l’eau sous ses pieds, la rambarde pourrait effrayer ou inciter l’adolescent téméraire à braver l’interdit, plonger dans la rivière.

En ce dimanche matin, un pêcheur avait jeté sa ligne, d’autres mettaient des bateaux à l’eau et ça se saluait, se congratulait. Peu de voitures passent et dans cette vallée avec les falaises proches, les voix qui s’appellent résonnent.

Le saut de la Mounine
Une mounine, en occitan une moune, est une guenon. C’est aussi le sexe de la femme à Marseille.
Par extension également une femme de mauvaise vie, mais c’est même un vin qui fait « sauter et rire la personne qui a trop bu ».
Quand on sait cela, il est possible selon les âges, de faire plusieurs lectures de la légende attribuée à ce lieu de hautes et abruptes falaises qui donnent à voir la vallée du Lot, le château de Montbrun et les confins du Massif Central s’il fait beau.
La petite route depuis la maison est étroite et grimpe vite. Elle recèle mille trésors.
Le lieu est saisissant. Idéal pour se débarrasser d’une belle mère revêche : « reculez-un peu, on ne vous voit pas bien sur la photo ! »

Le vertige, je l’ai pour les autres, je n’y conduirais pas des enfants.
Que c’est beau et à revoir !
L’histoire du moine Sidoine revenant de Compostelle avec sa chèvre et sa guenon (la mounine mais si ça se trouve, ce n’était pas un singe), prouve qu’il faut-être prudent. Il se cassa la figure. Mais sauvé par sa ceinture de corde, il découvrit une grotte. Il s’y installa avec la mounine. Il devint ermite… La chose se sut et les gens des alentours vinrent lui apporter à manger en échange de conseils.
Face à la grotte, on voyait le château de Montbrun et son terrible seigneur père de la belle Gislaine . La jeune fille venait écouter l’ermite. Tout comme le charmant Renaud. Ils s’éprirent l’un de l’autre. Mais leurs familles c’était un peu comme les Montaigu et les Capulet. Pas d’entente possible.

Le père de Gislaine semblant le plus dur osa dire à sa fille qu’il préférait la voir sauter du roc au moine plutôt que d’épouser le beau Renaud. Il invoqua le diable.
Du coup Sidoine décida d’un subterfuge. Il déguisa la bête avec les habits de la belle et sacrifia la guenon sous les yeux du père qui chassait plus bas, en la précipitant dans le vide. Lequel prit la bête pour sa fille. Tout à sa douleur il fut rendu à la joie en retrouvant sa fille grâce au moine, mariage et fête s’ensuivirent.
Il ne restait donc plus que la chèvre au moine. L’histoire ne dit pas si la SPA locale porta plainte.
La légende est jolie. Pourrait inviter à creuser car elle est pleine de sous-entendus qui devaient à la veillée nourrir les imaginaires…
Magie de ces histoires qui ont traversé les siècles et restent associées aux lieux…
Le pays est plein de ces contes… Je vous raconterai un jour le récit plus atroce encore où une jeune femme violée par des moines fut contrainte par eux de manger son propre enfant… mais la morale fut sauve…
Explorations
Je me sens tel un enfant avec tout à apprendre. Une autre relation au temps s’élabore aussi. Aujourd’hui je vais devoir m’occuper de la maison, la préparer pour accueillir le déménagement qui viendra plus tard.