Qu’est ce qui est-le plus important pour toi ?

Publié le Catégorisé comme changer de vie Étiqueté , , , , , ,
Gouffredelantouy 1 1024x768

Nous parlions de la vie, des projets. Je raconte volontiers que j’ai souvent déménagé que je commence à réfléchir au prochain lieu et que je n’ai pas peur du changement.

Mais il ne s’agit pas de changer seulement de lieu. Qu’est ce qui est important ? Plus j’avance plus je tente d’aligner mes besoins, mes valeurs, avec mes choix de vie et ce que je veux vivre.

La question est venue comme un galet rond que l’on découvre sur la plage. Une sorte d’évidence. S’arrêter un instant, prendre une respiration et poser les choses.

Je voudrais vivre en paix, en poésie, dans l’instant présent

La paix n’est pas l’angélisme naïf. Elle se construit. D’abord avec soi. Je sais que je suis capable de me torturer de détails, là où le diable se loge et que ce sont ces détails qui énervent et déséquilibrent. La paix, l’état paisible, permettent d’agir à bons escient, de bien faire…

méandre

La paix c’est d’abord un dialogue avec soi, une amitié avec soi, une alliance et une bienveillance… Ça l’est aussi avec les autres : dans la bonté des échanges ou l’attention, dans l’écoute. C’est conjuguer l’assertivité et le refus de céder aux attitudes toxiques. La paix pose le possible et l’impossible. Elle refuse l’escalade, la réplique, le terrible « œil pour œil, dent pour dent ». Il faut de la patience, de la justice.

C’est retenir parfois sa parole, son commentaire, c’est à dire ne pas chercher la domination du verbe pour convaincre, ne pas chercher à répondre à tout prix. Il faut des efforts dans ce monde où chacun est appelé à donner son avis sur tout et nous sommes tous devenus des experts autorisés à corriger l’autre. Ne pas vouloir toujours avoir raison sous prétexte que l’on pense savoir…

La paix c’est aussi une attitude convaincue. Une valeur absolue que je porte intimement depuis petit. À 8 ans, je voulais devenir « avocat pacifiste ». Je m’étais inventé ce métier… Dans un monde où le commerce des armes domine, il faut oser se dire pacifiste. C’est presque une provocation !

Je veux vivre en poésie et je m’y emploie. Là aussi, ça n’a rien à voir avec une quelconque mièvrerie où l’on viendrait lire des quatrains qui riment juste pour enjoliver la vie. La poésie, la capacité de vivre en poésie, c’est se laisser traverser du souffle de la vie qui tient dans toutes ses manifestations. C’est se laisser traverser de sensations. De la merveille de ces sensations. Celles qui viennent du vivant et celles qui viennent du minéral. Celles qui font qu’on est touché par la grâce d’un coquelicot qui a poussé dans le ciment comme de l’immensité céleste. Aucun humain n’est insensible à ça. Je crois même que nombre d’animaux sont sensibles à ça. Il peut y avoir la peur de l’orage. Mais la beauté de l’orage nous touchera tous. Vivre en poésie c’est laisser venir à soi la beauté et la bonté des choses et du vivant. En faire son miel…

Et du coup, on ne peut vivre en poésie si l’on ne sait pas vivre pleinement l’instant présent.

La nostalgie et le fleuve du passé nous ont conduit là où nous sommes. Mais nous sommes des « marcheurs » – au moins en pensée-, des explorateurs, des chercheurs et pour savoir faire preuve de sérendipité, être à l’écoute des belles surprises et découvertes, il faut un peu de savoir, un peu de sagesse mais surtout savoir vivre pleinement le présent.

Si je répondais en termes de valeurs à vivre ?

Les uns diraient valeurs, je pourrais dire besoins ou principes.

Bien sûr j’ai besoin de pouvoir m’alimenter et de ne pas mettre ma santé en danger. Depuis l’épidémie de COVID et les périodes de confinement qui ont provoqué pas mal de changements chez moi comme d’autres, je suis devenu quasiment végétarien. Je fais attention à mon alimentation, pas assez encore à mon activité physique et je reprends la main sur des douleurs chroniques sans m’abandonner pour autant pour l’heure aux traitements médicamenteux…

Mais les valeurs que je pourrais donner dans un petit inventaire non clos :

– la liberté : on peut être libre même confiné, mais je veux pouvoir choisir ce que je fais de mon temps, avec qui je le passe et où si possible… Cela suppose de ne pas aller avec autrui par crainte de la solitude. Cela suppose de savoir s’assumer dans sa singularité. La liberté tient le reste… mais souvent nous sommes nos propres geôliers. Il faut « s »autoriser à » , « créer les conditions de sa liberté…

– la créativité : depuis toujours dans ma vie professionnelle comme personnelle, même intime, sans tout réinventer, je veux créer, imaginer, oser produire (ici une chanson, là un poème, un dessin, une plantation dans le jardin…)

– l’indépendance : je veux non pas m’opposer par principe, mais ne pas faire par conformisme. Je veux me sentir libre de ne pas accorder mon point de vue ou souligner mon désaccord sur la seule vue d’une étiquette. Je crois aux règles sociales comme le respect. Mon individualité ne refuse rien à la fraternité mais je ne veux pas faire par simple convention. L’indépendance est pour moi la garantie que je puisse créer de façon authentique et sincère. Ma dignité tient dans mon indépendance. Je n’appartiens à personne. Personne ne m’appartient.

– la bienveillance : c’est non pas un laxisme gentillet, c’est la capacité de s’accepter, de se consoler, de répondre à son enfant intérieur comme savoir se montrer empathique. « Bien veiller » c’est être attentif à autrui.

– l’attention : donc cette valeur est la petite sœur de la première mais il faut savoir ne pas se nier dans l’attention à autrui. C’est à dire rester aussi attentif à ses propres besoins qu’à ceux de l’autre. Ça m’a souvent coûté de n’avoir pas su le faire.

– l’exigence éthique : respect de soi, respect de l’autre mais sans jamais sombrer dans la moraline pouvoir se demander toujours si ce que l’on fait est bon pour soi, bon pour autrui… Et si l’expérience peut-être utile, ce n’est pas pour faire la leçons aux autres, ce n’est pas pour pêcher par excès de prudence mais c’est « faire sans nuire ». Par exemple c’est une exigence éthique pour moi que de ne pas me mettre en compétition avec autrui…

le respect du vivant- humains compris : dans le fil de la valeur précédente, le respect du vivant est une réflexion importante à mains égards. Il suppose de l’exigence éthique : par exemple, laisser le choix de donner la vie ou non comme de mettre fin à ses propres souffrances c’est respecter la personne. Limiter son alimentation carnée, c’est respecter mieux le vivant et les grands équilibres… Là aussi, il faut réfléchir et agir sans naïveté…

le partage : la solidarité et la fraternité sont des valeurs fortes depuis toujours. La charité c’est mieux que rien mais c’est une démarche condescendante… On partage des choses matérielles, un repas, une connaissance, une création. Plus on partage plus on s’enrichit. C’est le cas notamment quand on réfléchit ensemble…

– apprendre : chaque jour j’aime pouvoir me dire que j’ai appris au moins une petite chose… c’est un mouvement qui m’enrichit et me transforme. Apprendre m’évite de me scléroser. Il y a tant de choses à découvrir… à tenter de comprendre…

– explorer : dans la même veine, j’ai besoin d’explorer… Que ce soit un petit espace, une nouvelle musique, un lieu… C’est vraiment à mes yeux un mouvement inscrit dans mes gênes. L’homme a toujours voulu explorer… C’est oser prendre le risque de sortir de sa zone de confort. C’est la joie de la surprise…

Comment cela pourrait-il se traduire en termes d’activités concrètes ?

Il y a celles que je pratique déjà et celles que j’esquisse et dois approfondir dans les changements à venir. Il paraît que certaines sont inspirées du bouddhisme. Je ne suis pas bouddhiste mais ma mère qui fut grande lectrice des textes bouddhistes m’a peut-être inspiré (sans jamais imposer de doxa ou la moindre pratique religieuse…)

Donc je dirais qu’une journée réussie pour moi :

  • c’est une journée où je me lève tôt car j’aime le calme du matin qui permet de regarder sa journée avant de s’y lancer
  • je veux pouvoir investir à ce moment la pratique de la méditation. Je n’ai fait qu’esquisser et j’en pressens de nombreux bénéfices…
  • c’est une journée où je veux pouvoir écrire que ce soit de la fiction, des articles ou de la poésie… J’ai toujours écrit et je le fais de plus en plus, cela fait vraiment du bien…
  • Dans le même esprit, j’ai besoin de lire, lire des livres pour apprendre, comprendre, ouvrir de nouveaux horizons. Je tiens cette habitude depuis l’enfance…
  • Pouvoir structurer ma journée sans la figer c’est à dire naviguer entre repères utiles à mon hygiène de vie et la rencontre des autres
  • Une journée réussie est donc une journée où j’aurai rencontré une ou des personnes, pas forcément connues, en ayant un échange attentif, fait d’écoute…
  • Une journée réussie si j’ai pu ménager pour mon corps de l’activité physique (danser, faire du vélo ou marcher… )
  • Enfin, ça fait un peu tric à la mode, pourtant, une journée réussie c’est une journée que je peux conclure en ayant de la gratitude pour autrui … ou moi même …

Aimer et oser l’insouciance

Aimer ne se limite pas à la relation amoureuse, c’est une sorte de disponibilité à autrui, aux autres, aux bonnes émotions que l’on peut trouver avec nombre d’humains et d’animaux c’est une belle récompense quand on peut le faire librement et surtout en lâchant prise, en se montrant capable de l’insouciance de l’enfant qui joue pleinement investit dans son présent…

Aimer autrui ou la vie provoque une jubilation motivante qui n’a rien à voir avec l’égoïsme et l’oubli des injustices. Au contraire ! Mais la colère doit vite céder le pas à la solidarité, à l’imagination de réponses…

Tout ça est une profession de foi et de vie qui ne définit pas un objectif fixe mais plutôt une ligne, un mouvement, une courbe…

Avec des écarts, des ratés, des fatigues, des doutes, des flemmes…

Mais avec de la patience, de la résolution, on sent un jour qu’on s’est défait d’un habitus sans intérêt et que l’on écrit les pages d’un nouveau chapitre, d’une nouvelle histoire…

Alors on s’assume dans la réponse à ses besoins et on s’allège mieux du reste, des conventions, des possessions et des peurs….

Voilà, j’espère avoir un peu répondu à la question ?

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *